L'IMPROVISATION COLLECTIVE DANS L'ESPACE PUBLIC

Sur l'improvisation :

Improviser, c'est avant tout une question de liberté. L'improvisation nous apprend à être libre, parce qu'elle nous oblige à prendre des décisions, à faire des choix, les tenir, les développer. Improviser, c'est prendre des responsabilités. C'est affronter le vent de panique lié à l'incertitude, à l'absence de maîtrise. C'est apprivoiser la peur, et la peur d'avoir peur. Improviser c'est aussi détruire, détourner ou se mettre en contradiction avec les codes, les normes et tout ce que l'on a appris. Improviser, c'est lutter, avant tout contre soi-même, mais aussi contre les cadres, les systèmes qui nous empêchent d'inventer. C'est une manière de se révolter, de s'insurger. Improviser, c'est aussi jouer et prendre du plaisir. C'est le retour à l'oralité et l'abandon de l'écrit, de l'école. C'est faire preuve d'une insolence créatrice.

Mais improviser, c'est surtout la manifestation de la recherche, l'affirmation que tout est en devenir et en transformation constante. Improviser, c'est refuser de savoir à l'avance ce qu'il va se passer. C'est ouvrir les possibles, et des espaces-temps pour créer. Improviser, c'est dire que l'identité même est en mouvement, en marche, à déconstruire, à créer, mais surtout pas figée. Improviser, c'est chercher son originalité, sa singularité.

Pour autant, improviser n'est pas inné. Improviser se travaille, tout comme la liberté s'apprend. Et improviser a besoin des normes, des cadres, des codes dont elle s'extirpe. La liberté sans contrainte, nous mènerait à un ennui mortel. L'improvisation nécessite des aller-retour entre la connaissance et l'ignorance, entre la maîtrise et la non maîtrise, tout comme le spectateur a besoin à la fois d'être rassuré et surpris. Improviser c'est être en contradiction avec ce que l'on a appris, tout en s'en servant. Ce n'est pas seulement la contre-culture et le refus en bloc du savoir académique, mais bien l'accumulation de culture permettant de trouver sa singularité. L'improvisation, c'est être à la fois sur scène et en dehors, à l'écoute de tout ce qui se passe autour de nous, et en état de création. L'improvisation, c'est l'effervescence de la nouveauté, sans le débordement hystérique, c'est la retenue et le contrôle.

 

Improvisation collective et action sociale :

L'improvisation collective est pour nous le reflet de ce que nous nommons art social. Il s'agit en effet de faire vivre un espace-temps incertain, où tout est à inventer à partir du dialogue, de l'implication de chacun, des valeurs de chacun, de manière citoyenne et responsable, en usant de sa liberté et en la diffusant.

Une improvisation collective réussie nécessite beaucoup de travail. En effet, les artistes en jeu auront besoin d'avoir des références communes, de connaître l'histoire des arts, de se connaître entre eux, dans le jeu, de s'écouter, d'avoir des repères, des garde fous, des techniques propres utilisables, et dont se détourner...

Chacun est maître du jeu. Il doit être capable de s'affirmer, de prendre des décisions, de proposer, de suivre ses coéquipiers, d'abandonner, d'être disponible. Il est important de ne pas entrer dans le compromis sans lutter. Un dialogue, c'est avant tout exposer des arguments. Dans le dialogue à plusieurs, on doit être capable d'avancer et de savoir à la fois où sont les autres et comment ils évoluent. On joue aussi ensemble à se poser des règles, en inventer, les détourner, les faire évoluer, ce qui représente un beau parallèle avec notre action sociale.

Jouer ensemble est aussi question de rythme et de tempo, ce qui est vrai en musique mais aussi dans n'importe quelle discipline. Le rythme symbolise le temps, l'action dans le présent tournée vers l'avenir. On se heurte parfois à la difficulté d'être très bref ou très long, et d'aller chercher au delà des limites.

 

Nos spectacles :

Nos spectacles se situent ici, autour de l'improvisation collective. 10 à 15 artistes, libres, responsables, détenant chacun une technique propre (notre équipe est pluridisciplinaire), à l'écoute de l'autre, de l'environnement dans le dialogue et dans sa singularité.

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